Les seigneurs prennent en charge la défense des hommes et de leur famille qui sont placés sous leur protection. Ils construisent des maisons fortifiées qui servent de refuge en cas de danger. À l'intérieur, un endroit est réservé aux paysans ; c'est la basse-cour.

En échange de cette protection, les paysans fournissent la nourriture.

Ces petites fortifications surgissent au milieu du IX^e siècle sur des mottes établies artificiellement ou sur des collines de façon à surveiller plus facilement les alentours et à en rendre l'accès plus difficile. Elles comportent des tours en bois, un donjon dont l'étage sert de demeure seigneuriale, et n'est accessible que par une passerelle mobile. Sur le toit s'installent des guetteurs et dans le soubassement se trouvent les réserves de nourriture et la prison. Des fossés et un ou plusieurs niveaux de palissades faites de grands pieux plantés dans le sol en optimisent la défense. Les nombreuses forêts recouvrant le territoire fournissent du bois en abondance.

Malheureusement, ces constructions en bois, périssables, n'ont laissé que très peu de traces.

Les châteaux forts construits en bois sont très vulnérables au feu. Quelques torches enflammées lancées par-dessus les palissades suffisent souvent à les réduire en cendres. Les seigneurs délaissent donc ce matériau et lui préfèrent la pierre. Ils peuvent se le permettre car les taxes seigneuriales prélevées pour tout passage sur leurs terres les enrichissent considérablement. Ils construisent des châteaux avec des fossés de plus en plus profonds, des murailles plus épaisses, des donjons toujours plus hauts. Ces châteaux sont capables de résister aux assaillants les plus acharnés.

La tour du donjon, initialement carrée, se modifie au cours du temps et la forme ronde s'imposera progressivement car elle réduit les angles morts.

Ces constructions orgueilleuses affirment aux yeux de tous la grande puissance du maître des lieux.

Au cours du temps, certains seigneurs acquièrent une puissance si redoutable qu'ils en « oublient » leur devoir d'obéissance au roi. Ils construisent des châteaux de plus en plus nombreux, situés dans des lieux stratégiques, véritables forteresses savamment protégées contre toute attaque.

Les luttes sont vives entre la Couronne de France et la dynastie Plantagenêt qui tient l'Anjou et règne sur l'Angleterre : de nombreux châteaux deviennent alors l'enjeu de luttes pour reconquérir un territoire.

Ces constructions sont transformées en fonction de l'évolution de la conduite des sièges et des évolutions de l'armement, la défense étant directement dépendante de l'attaque ! Avec le développement des machines de guerre et des engins de siège naît l'art de la défense, dont les forteresses sont le témoignage.

Les évolutions des armes à feu deviennent si importantes qu'il faut repenser complètement la façon de se protéger. Les anciennes forteresses sont donc modifiées pour s'adapter à l'ère moderne. Par exemple, le sommet des tours est aménagé pour recevoir des canons, des barbacanes sont construites devant les entrées, les fossés sont élargis. Mais dès le XVII^e siècle, la puissance de l'artillerie devenant énorme, elles ne peuvent jouer leur rôle de protection et ne servent plus que de garnisons ou de demeures. Henri IV ordonne le démantèlement des nombreux châteaux pour éviter qu'ils ne servent de lieu de complot aux ennemis de la royauté.

Les villes fortifiées sont ensuite préférées pour combattre l'adversaire.

Les propriétaires de châteaux transforment alors ceux-ci en résidences plus confortables : ils construisent des ponts en pierre à la place des ponts-levis, percent les murs de nombreuses fenêtres, aménagent des jardins.